Néanmoins, dans l'intérêt même de cette école, dont l'objet spécial, atteint d’ailleurs d’une manière si louable, ne peut que gagner encore à être renfermé dans ses propres limites, votre commission a cru devoir proposer la suppression des cours de mathématiques qui y ont été adjoints à une époque où nulle institution de ce genre ne mettait encore les sciences exactes à la portée des ouvriers, mais qui , depuis l'établissement des Cours industriels, ne pourraient plus offrir qu'un double emploi.
Il est bien entendu, toutefois, que l'enseignement théorique serait seul compris dans cette exclusion ; car l'application de la géométrie à plusieurs des branches du dessin resterait nne attribution, même forcée, des professeurs de l’école.
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Et quant à l'arithmélique , dont l'enseignement, au dire de M. DUPUY lui-même, est une entrave pour son école, non-seulement elle y serait supprimée, mais on en exigerait la connaissance jusqu’à la règle de trois inclusivement , de la part des élèves qui se présenteraient pour suivre les cours qui y sont professés.
D'une autre part, et toujours dans l'intérêt d'un établissement qui lui a paru mériter toute l'attention de l’autorité municipale, la Commission a cru devoir signaler l'insuffisance du local qui y est affecté. La nécessité qu'imposent la mauvaise distribution des salles et leurs étroites dimensions, de restreindre le nombre des élèves gratuits, et la nécessité d’ailleurs, de jour en jour plus pressante, de rendre ce nombre aussi grand que possible, a suggéré à la Commission l’idée de vous soumettre les propositions suivantes :
1° Le nombre des élèves gratuits serait illimité; il suffirait qu’une place fût demandée, pour qu'elle fut accordée sans délai.
2° À l'effet, Messieurs, de réaliser ce vœu; que sans doute vous partagez avec nous, les élèves payans et les élèves gratuits cesseraient d'être confondus ; et deux séances par jour, de deux heures chacune , aux époques de la journée qui paraîtraient le plus convenables, seraient spécialement consacrées aux élèves gratuits.
3° Le local serait exclusivement occupé par l'école de dessin et le logement nécessaire au professeur.
4° M. BLANC, professeur adjoint par la ville à M. DUPUY, au lieu de deux heures qu'il doit à l’école, assisterait aux quatre heures qui auraient été affectées aux élèves gratuits, et recevrait en conséquence une augmentation de 600 francs, par laquelle ses appointemens seraient définitivement portés à 1000 francs.
5° Dans le cas où le nombre des élèves excéderait 120,
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on autoriserait le professeur à prendre un second adjoint, à qui l'on ferait 400 francs d’appointemens.
Enfin, la Commission demande la suppression de la rétribution d’un franc que, dans le principe, devait payer mensuellement chaque élève, qu’une quinzaine seulement paie encore aujourd'hui, et qui sert à couvrir une partie des frais du chauffage, le reste étant à la charge du chef de l'établissement. Un pareil arrangement a semblé intolérable. Les frais de chauffage, d’éclairage , d'entretien des salles et des modèles, doivent être intégralement au compte de la ville. M. Dupuy se trouverait également déchargé d’une somme de 100 francs qu’il paie par année à M. BLANC, comme complément de ce qui lui est alloué par la ville, ainsi que d'une seconde somme de 400 francs que, de ses propres deniers, il paie à une autre personne qui le seconde. De la sorte, les intérêts de tous seraient réglés, et ceux du chef de l'établissement, surtout, ne seraient pas obscurément , confusément sacrifiés au bien général.
Tels ont été, Messieurs, les résultats d'un examen attentif de la part de votre commission, et d’une discussion longue et consciencieuse entre les membres qui la composaient. De nombreuses observations de détail ont été faites; et entre autres, dans l'école de dessin, en passant dans la salle où sont entassés les magnifiques modèles en plâtre envoyés récemment par le ministre de l'intérieur, elle n'a pu s'empêcher de regretter que deux riches collections de ce genre fussent ainsi enfouies à Metz dans des établissemens publics, sans que le public, sans que personne en retirât le moindre avantage.
Mais nous avons dû rester dans les plus grandes généralités, et d’ailleurs la commission que la ville déléguerait annuellement pour inspecter ses écoles, com-
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mission sur la proposition de laquelle vous aurez à vous prononcer, serait tout-à-fait propre à faire successivement disparaître les inconvéniens que nous avons eu à signaler, ainsi que ceux qui nous auront échappé dans un travail évidemment trop rapide pour avoir pu être complet.
Cette commission aurait pour but principal d'établir un lien, une coordination régulière entre les écoles primaires, l’école de dessin et les cours industriels. Ainsi, elle aurait à exercer une surveillance active et sévère, à signaler les vices de l’enseignement ou les modifications à y apporter, à faire annuellement des examens dans les divers établissemens, à entretenir de la sorte entre tous le précieux mobile de l'émulation, à déterminer enfin l'époque de la sortie des élèves de ceux où leur séjour serait devenu inutile, ainsi que leur entrée aux cours pour lesquels ils auraient atteint le degré de connaissances suffisant. :
Une semblable centralisation, une coordination aussi sage des études nécessaires aux classes laborieuses , de plus en plus dirigée et modifiée par l'expérience, peut avoir d'immenses résultats. Réfléchissez, Messieurs, à ce que ce serait seulement qu’une prime annuelle de 25 louis proposée en concours aux cinq ou six écoles primaires qui, sous une protection bienveillante et éclairée, travailleraient ainsi au premier enseignement de l’homme. Il y aurait de quoi opérer des miracles.
Or il ne faut point se le dissimuler, d’après les raisons que nous avons détaillées plus haut, l'institution des frères est incompatible avec de semblables projets. Le Conseil municipal a désiré être éclairé sur l'état de l’enseignement dans les écoles de la ville, afin de pouvoir faire une plus sage répartition de la somme qu'il a votée à cet égard : nous avons dû la vérité tout entière. Ce sera à vous, ce sera à lui de prononcer. Mais l'ensei-
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gnement mutuel nous a paru préférable à l'enseignement des frères de la doctrine chrétienne. Supériorité des élèves, économie , progressibilité, tels sont des faits tous en faveur de l'enseignement mutuel.
I! n'appartient pas à votre Commission de préjuger ultérieurement à votre décision , à celle du Conseil municipal ; toutefois elle a dû prévoir ce qui arriverait dans le cas où ses conclusions seraient adoptées.
Elle a pensé que, dans le cas où l'on n'aurait pas l'intention de conserver les frères de la doctrine chrétienne, il y aurait de graves inconvéniens à se priver de leur présence avant d’avoir à offrir au peuple au moins l’équivalerit de ce que leur départ lui ferait perdre. Or, on ne peut pas improviser des élablissemens semblables. La difficulté même de se procurer des professeurs serait le moindre obstacle, puisqu'an oours normal pour des professeurs d'écoles primaires produirait sans doute en peu de mois les résultäts désirables, et que l'ACADEMIE trouverait facilement dans son sein tout le zèle et la capacité nécessaires pour atteindre ce but. Mais ce sont les localités qui manquent. Aucun des emplacemens occupés par les écoles des frères ne serait susceptible de contenir deux cents enfans dans une même salle, et cette condition est indispensable pour réaliser tous les avantages que présente l'enseignement mutuel.
Il y aurait donc à prendre des mesures susceptibles de lever toutes ces difficultés. C'est un nouveau travail à faire. Votre commission a dû se borner à indiquer le mal et les difficultés du remède.
Dans tout ceci, Messieurs, il s'agit de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Aujourd'hui que la lutte contre un passé qui s'eflorçait en vain de rajuster un sceptre impuissant brisé entre ses mains, est bien décidément terminée, toutes les sympathies vont quitter l’attitude
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hostile, pour tourner un regard de pitié sur cette multitude d'être souffrans et dégradés, qui, sous la désignation cruelle de prolétaires, semblent à tout jamais condamnés à une sorte d'ilotisme politique. Voici en leur faveur un nouveau pas à faire. En altendant que nous puissions leur donner le bien-être moral et physique, développons les intelligences; c'est un pas vers le règne de la capacité.
Il y a sans doute beaucoup à faire; mais en nous efforçant, Messieurs, de remplir la tâche que vous nous avez imposée, nous avons pressenti tout ce que cette œuvre pouvait avoir d'inspiration pour des cœurs généreux. L’Acavénie est en position et en droit de prendre l'initiative. Elle doit, de concert avec l'autorité municipale, seconder de tous ses moyens, de toute son influence, les progrès de l'instruction dans les classes pauvres, Elle le fera, ou plutôt elle continuera à le faire, car elle n’a point attendu pour travailler au bien-être des masses, que ce fût un moyen de flatter et d’envahir le pouvoir.