Dupin, Charles (1784-1873)

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Description
Pierre-Charles-François Dupin nait le 6 octobre 1784 à Varzy dans l'actuelle Nièvre, de Charles-André Dupin, magistrat et député sous la révolution, et de Catherine Agnès Dupin, cousine éloignée de son père. Son éducation élémentaire est confiée à un ecclésiastique, puis Charles Dupin est mis en pension à Orléans, pour suivre les cours d'un abbé enseignant réputé. En 1801 (an IX), il réussit le concours de l’École polytechnique et se classe deuxième au classement général. Brillant élève, il découvre les courbes du second degré à foyers réciproques et est remarqué par Monge et Carnot. Diplômé en 1803 (an XI), il poursuit ses études à l'école d'application du génie maritime à Paris.

En période de guerre avec le Royaume-Uni, Dupin entreprend la fortification des ports de Gênes et d'Anvers. Il participe à la construction de la chaloupe "La Polytechnique", pour la flottille de Boulogne. Il poursuit en parallèle ses recherches mathématiques. Une théorie de la courbure des surfaces, de leurs indicatrices, de leurs tangentes conjuguées est mise au point, appliquée à la stabilité des vaisseaux et à la construction des fortifications. Après le désastre de Trafalgar (1805), il est appelé pour relever la flotte française. En 1808 à Corfou, où son talent d'éducateur se révèle, il fonde l'Académie Ionienne. Atteint de malaria, il est rapatrié en France. En 1813, il contribue à établir un musée maritime à Toulon.

Sous la Restauration, en poste à Dunkerque et candidat à l'Académie des sciences, Dupin entreprend plusieurs voyages d'étude au Royaume-Uni (1816, 1817). Il visite les arsenaux, y découvre de premières machine-outils propulsées à la vapeur. A Liverpool et Bristol, les hôpitaux et des prisons , le canal « qui traverse toute la longueur de la ville », les chantiers de la marine, et « des cuisines chauffées par la vapeur de l’eau » sont relatés. En 1823, il publie un ouvrage d'économie "Système de l'administration britannique en 1822", suivi de "Voyages dans la Grande-Bretagne entrepris relativement aux services publics de la guerre, de la marine et des ponts et chaussées, en 1816, 1817, 1818, 1819 et 1820, en 3 tomes 1825-1826.

Les idées sociales qu'il développe alors lui valent une brève disgrâce. Cependant, entré à l’Académie des sciences dès 1818, il parvient en 1819 à faire créer trois chaires au Conservatoire royal des arts et métiers, dont celle de « géométrie et mécanique appliquées aux arts » qu'il se réserve. Il dispense un enseignement public et gratuit de géométrie appliquée à la mécanique. Dès 1820, Dupin est fait chevalier de la Légion d’honneur. En 1824, il transforme sa chaire en « cours normal » pour les ouvriers et se déclare « professeur des ouvriers », Louis XVIII le nomme Baron. Traduit en huit langues, son livre « Géométrie et mécanique des arts et métiers et des beaux-arts" en 3 tomes (1825-1826) devient l’outil essentiel d’un plan éducatif ambitieux, dans lequel les polytechniciens doivent jouer un rôle moteur. Des cours d'économie et de statistiques sont aussi donnés jusqu’en 1854. Produite en 1826, sa carte choroplète « Carte figurative de l’instruction populaire », constitue une innovation remarquée dans le domaine de la représentation géographique des informations quantitatives. La Moselle y est distinguée pour la part élevée de sa population ayant suivi une instruction primaire.

En 1823, Dupin est fait membre honoraire de l'Académie de Metz. Sa carte donne Metz en exemple pour l'éducation primaire. Un portrait élogieux de la Moselle est dressé dans son "Forces productives et commerciales de la France" de 1827. Il inspire alors grandement plusieurs polytechniciens en poste à Metz, parmi lesquels Bergery, Poncelet, Bardin, Gosselin, Woisard ainsi que des professeurs de lettres, dans la mise au point d'enseignements populaires. Le public visé est celui des ouvriers, contre-maîtres et chefs d'ateliers des manufactures. Institués de 1825 à 1835 sur la base du volontariat des professeurs et avec le concours de la municipalité, des cours sont donnés tout d'abord à l'Hôtel de ville. Les enseignements portent sur le français, la géométrie et la mécanique. Poncelet dédie à Dupin (en poste à l'Académie) l'un de ses cours de mécanique industrielle. Sa roue à aube innovante se trouve par ailleurs donnée en exemple par Dupin dans Géométrie et mécanique, et lui vaut un poste de professeur de mécanique à l'école d'application. A partir de 1835, les deux se côtoieront à Paris lors des séances de l'Académie des sciences.

En 1830, le Baron Charles Dupin épouse Rosalie Anne Joubert (1807-1876), héritière du Château de Pescheseul à Avoise dans la Sarthe. En 1832, il devient aussi élu membre de l'Académie des Sciences morales et politiques, nouvellement rétablie par Guizot, dans la section Économie politique. De 1835 à 1856, ses publications sortent dans les Compte Rendus de l'Académie des Sciences et concernent la géométrie, les statistiques, la balistique. Entre autres choses, Dupin remarquera, en même temps que Babbage, Chasles et Mathieu, la machine à différences mise au point par Pehr George Scheutz (1785-1873), présentée à l'Exposition universelle de Paris de 1855. Un monde d'arithmétique mécaniquement calculée émerge, motorisé à l'aide d'une manivelle et de poids suspendus.

Dupin se lance également avec succès en politique, et sous Charles X, il est élu député du Tarn, en poste de 1828 à 1830. De 1830 à 1838, il est élu député de la Seine. De 1830 à 1847, sous Louis-Philippe, il devient nommé conseiller d’État, fait chevalier de Saint-Louis. Il est nommé Président du conseil des délégués des colonies en 1847. De 1831 à 1851, membre du Conseil d’amirauté. 1834 brièvement ministre de la Marine. 1838, Pair de France. De 1848 à 1851, Seconde République, il est élu député de la Seine-Inférieure. En 1852 et après plus de 50 ans de services, Charles Dupin quitte le corps du Génie maritime avec le plus haut grade, celui d’inspecteur général. De 1852 à 1870, Second Empire, il est décoré officier de la Légion-d'Honneur et poursuit ses activités à l'Académie, avec un intérêt particulier pour les questions de statistiques économiques et démographiques. Charles Dupin décède à Paris le 18 janvier 1873, âgé de 88 ans.
Prénom et nom de naissance
Charles Dupin
Prénom
Charles
Nom de famille
Dupin
Année de naissance-décès
1784-1873
Année de naissance
1784
Année de mort
1873
Époux(se) ou conjoint(e)
Joubert, Rosalie Anne (1807-1876)
Profession
Ingénieur
Personnalité politique
Domaine d'activité
Géométrie
Mécanique
Distinction reçue
Légion d'honneur
Nom dans la base
Dupin, Charles (1784-1873)