Collignon, Charles-Étienne (1802-1885)

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Description
Charles-Étienne Collignon, nait le 16 mai 1802 (26 floréal an X) à Metz. Il grandit dans une famille de six enfants dont le père, Jean Nicolas Collignon, est attaché aux hôpitaux et la mère Jeanne Marie Hélène Charlotte Collier, commerçante en papeterie. Ses études secondaires sont menées au lycée où Lesage enseigne les mathématiques préparatoires. En 1821, Collignon devient admis à l'École polytechnique où il restera trois années. Puis, de 1824 à 1827, il poursuit ses études à l'École des Ponts et Chaussées. Le 24 avril 1827, Charles Colligon épouse Louise Caroline Lesage (1805-1883), fille de Lesage, son professeur de mathématiques du lycée.

Collignon devient ensuite nommé élève-ingénieur des ponts chargé dans l'arrondissement de Laval en Mayenne en 1827. La construction dans l'Ouest d'un réseau de route royales stratégiques est menée. Il s'agit d'améliorer les routes principales en direction des villes principales de Bretagne et de Vendée. Passé ingénieur de première classe, Collignon supplée l'ingénieur en chef. Son bon sens technique et politique deviennent alors appréciés. Des ponts sont construits (pont de Montgiroux, pont de la Valette). Au niveau familial, Louise Charlotte Rosalie (1829-1888), de même que Romain Charles Édouard (1831-1913), naissent à Laval.

Charles Collignon devient ensuite affecté à Nancy, en 1838, avec le grade d'Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées de la Meurthe. Il devient responsable de la deuxième section, reliant Vitry-le-François à Strasbourg, sur le creusement du canal de la Marne au Rhin. Le canal avait été tracé dès 1826, par Barnabé Brisson (1777-1828). Le projet de jonction devient longuement discuté en Assemblée et financé. En plus de Collignon, trois polytechniciens des ponts et chaussées travaillent au travaux du canal : Jean-Joseph Jaquiné (1779-1853), Charles-François Guibal (1807-1887) et Antoine Jacques Eugène Zeiller (1810-1861). Les travaux débutent en 1839, entrecoupés d’arrêts. Une seconde loi doit en effet être votée en 1841 car le coût des travaux excède les prévisions. En 1844, l'assemblée nationale s'interroge sur la réelle utilité du canal. La ligne de chemin de fer reliant Paris à Strasbourg doit être construite de manière urgente.

La ligne Paris-Strasbourg, avait été tracée dès 1826, par l'ingénieur des ponts-et-chaussées Henri Navier (1785-1836). La construction d'une voie reliant Paris à Strasbourg, passant par Vitry-le-François et Nancy devient proposée. C'est à partir de 1833, que le tracé fait l'objet de vifs débats à la chambre des députés. Suite à la crise économique de 1838-1839, le tracé de Navier devient soutenu au détriment d'une option passant par Dijon. La loi relative à l'établissement des grandes lignes de chemin de fer en France, dite "étoile de Legrand", est finalement votée le 11 juin 1842. Le passage par Toul, Nancy, Lunéville, Sarrebourg et la vallée de la Zorn devient acté. La liaison perpendiculaire Nancy-Metz-Forbach et Sarrebruck devient aussi considérée comme hautement prioritaire, du fait de la présence du vaste gisement de charbon transfrontalier localisé dans le bassin de la Sarre. Une jonction avec la Prusse passant par Metz est aussi prévue. Membre du conseil municipal de Nancy, Collignon publie en 1842 : Chemin de fer de Paris à Strasbourg. Lettre de C. Collignon en réponse à M. F. Koechlin, pour faire suite au rapport publié par le Conseil Municipal de Nancy, sur le tracé du chemin de fer de Paris à Strasbourg.

Par la loi du 17 septembre 1845, les voies ferrées à bâtir sont attribuées à la "Compagnie de Chemin de fer de Paris à Strasbourg". La loi de 1845 attribue à l'État français le devoir de financer et construire la ligne Paris-Strasbourg; la Compagnie est responsable de son côté de la construction de la voie de Nancy à Metz et Sarrebruck. Charles Le Joindre (1805-1877) prend part aux décisions, en compagnie des ingénieurs embauchés par la compagnie. Parmi ceux-ci François Clément Sauvage (1814-1872) de l'École des mines et Marc-Auguste Thirion (1806-1886), ingénieur des ponts-et-chaussées natif de Nancy.

En 1845, Collignon publie son livre : "Du concours des canaux et des chemins de fer et de l'achèvement du canal de la Marne au Rhin", illustré d'une carte des canaux et voies ferrées en cours de construction sur toute la partie Nord de la France, en Belgique, entre Francfort et Mayence, et dans le Duché de Bade. Suite à la démission du député de Sarrebourg, Collignon se lance en politique et se présente aux législatives, dans la Meurthe. Il est élu le 31 janvier 1846 et siège jusqu'à la révolution de février 1848, soutenant la politique de Guizot et le financement public et privé des voies en cours de construction, train et péniche.

Sous la Seconde République, Collignon reprend ses fonctions d'ingénieur en chef de première classe à Nancy. Le double tunnel d'Arzviller, canal et voie ferrée, devient creusé et aménagé en cinq années, entre 1843 et 1848. Puis les inaugurations se succèdent. La ligne Nancy-Metz est inaugurée le 1er juillet 1850, sans apparat excessif, relatent les chroniqueurs. La première partie du canal, entre Vitry et Nancy, est finalement ouverte en 1851. Sous le second Empire, la ligne Paris-Strasbourg est inaugurée par le Prince-Empereur le 17 et 18 juillet 1852. Napoléon III dort à Nancy le 17 et des fêtes se déroulent à Strasbourg le 19. Le canal est mis en service dans toute sa longueur l'année suivante, en 1853. Il compte 178 écluses (154 aujourd’hui), ainsi que de nombreux ouvrages d'art. La construction des voies ferrées s'est déroulée en dix années d'effervescence, à la fois sur les chantiers et dans les places financières. Suivant la volonté de Napoléon III qui souhaite regrouper les petites compagnies de chemin de fer, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg fusionne avec la Compagnie du chemin de fer de Montereau à Troyes et celle de Strasbourg-Mulhouse à Bâle, pour former la Compagnie des chemins de fer de l'Est, en 1854. Collignon devient promu en 1854 Inspecteur général des ponts-et-chaussées. Il soutient la construction d'une voie ferrée reliant les houillères de la Sarre à la ligne Paris-Strasbourg, ainsi que le Canal des Houillères assurant la jonction au canal de la Marne au Rhin.

Suite à la guerre de Crimée (1853-1856) opposant l'Empire russe à une coalition ottomane, française, britannique et sarde, Alexandre II propose à la France de participer à l'extension de son réseau ferré. La "Grande Société des Chemins de Fer Russes" est alors créée par les banquiers Pereire et basée à Saint-Petersbourg. Des concessions sont accordées. Charles Collignon prend la tête en 1856 du groupe des ingénieurs français qui entreprend l’étude et la construction de plusieurs lignes. Parmi les membres de l'aventure figure son fils Édouard-Charles Collignon (1831-1913), ingénieur fraichement diplômé des ponts et chaussées, de même que François Clément Sauvage (1814-1872), ingénieur des mines spécialiste du ferroviaire. La jauge russe est retenue et de premières difficultés, en 1857, concernent les unités de poids et mesures. En 1862, des difficultés politiques et financières font que la GSCFR est acculée à la faillite. Une partie du personnel rentre en France, dont les Collignon. Édouard écrit "Les Chemins de Fer Russes, de 1857 à 1862", publié chez Dunod en 1864 et 1868. Les travaux menés sur cinq lignes russes sont détaillés. Édouard Collignon devient ensuite professeur à l'École des ponts et chaussées, membre de la Société Mathématique de France.

Charles Collignon est nommé en 1866 Inspecteur général des travaux maritimes. On le retrouve à la direction du service des travaux hydrauliques de la marine, puis des services du ministère des Travaux publics pendant le siège de Paris (1870). Du 15 au 20 février 1871, il assure l'intérim du ministère des Travaux publics. Suite au conflit, le 27 mars 1872, Collignon opte pour la nationalité française. En 1872-1873, il devient président du Conseil général des ponts et chaussées, nommé conseiller d'État par l'Assemblée nationale le 22 juillet 1872. Il devient admis à la retraite des ponts le 25 novembre 1872 avec le grade d'inspecteur général. Fidèle à la politique conservatrice, il fut sur le point d'être désigné par le maréchal de Mac-Mahon pour faire partie de l'éphémère cabinet de Rochebouët (novembre 1877). Charles Collignon décède le 6 décembre 1885 à Paris, à l'âge de 83 ans.

Parmi ses écrits politiques et techniques : Élection des conseillers d'État. Résumé sommaire des services de M. Collignon (Charles-Étienne), candidat; Elections du 2 juillet 1872. Aux électeurs du département de la Seine. (24 juin 1871); Messieurs le président et les membres composant le bureau de l'association départementale de la Meurthe. (9 avril 1849); Metz et le chemin de fer de Paris à la frontière d'Allemagne. Nouvelles et dernières observations d'un Messin; Voies ferrées des ports, et la loi du 11 juin 1880 sur les tramways. Une avenue de Nancy porte son nom.
Prénom et nom de naissance
Charles-Étienne Colligon
Prénom
Charles-Étienne
Nom de famille
Collignon
Année de naissance-décès
1802-1885
Année de naissance
1802
Année de mort
1885
Époux(se) ou conjoint(e)
Louise Caroline Lesage (1805-1883)
Formation
École polytechnique
École des ponts et chaussées
Profession
Ingénieur
Personnalité politique
Domaine d'activité
Ponts et chaussées
Distinction reçue
Légion d'honneur
Avenue Charles Étienne Collignon à Nancy
Nom dans la base
Collignon, Charles-Étienne (1802-1885)